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Génétique bovine

Et si on démultipliait les bonnes vaches avec la transplantation embryonnaire ?

Lors des dernières rencontres Ferm’Inov à Jalogny, la technique de la transplantation embryonnaire est apparue comme un moyen intéressant de booster le progrès génétique dans un troupeau. 

Par Marc Labille
Et si on démultipliait les bonnes vaches avec la transplantation embryonnaire ?
Depuis 2022, le groupe Connexyon (Cecna - Elvanovia) possèdent sa propre équipe de transplantation embryonnaire.

La technique de la transplantation embryonnaire était au menu des dernières rencontres Ferm’Inov qui se sont tenues le 27 novembre dernier à la ferme de Jalogny. L’intérêt de la transplantation embryonnaire est de « valoriser les meilleures femelles d’un élevage en les démultipliant. Cela permet d’évoluer deux fois plus vite », introduisait Sébastien Reveret d’Elva Novia. La technique de la transplantation embryonnaire (TE) consiste en effet à faire produire davantage d’embryons aux meilleures femelles et de faire porter ces futurs veaux par des femelles moins bonnes.

Voie mâle et voie femelle


La TE permet ainsi de rattraper l’avance prise dans la voie mâle. En effet, une pression de sélection très forte est appliquée sur les mâles dont peu sont finalement retenus pour devenir des taureaux reproducteurs. En revanche, « on est obligé de garder des femelles pour le renouvellement du troupeau. Pour assurer le nombre de vêlages, on en conserve des bonnes et des moins bonnes », expliquait Sébastien Reveret.
La technique de TE fait appel à un protocole très strict, mais éprouvé. Les femelles ciblées subissent un traitement de sur-ovulation. Ce sont des piqûres à réaliser à 12 heures d’intervalles pendant quatre jours, détaille Sébastien Reveret. Ces ovulations multiples sont fécondées par une double insémination après chaleur. Les femelles sont échographiées sept jours après chaleur pour valider ou repousser d’un cycle le lancement du protocole.


Laboratoire ambulant


Les embryons sont prélevés sept jours après la fécondation. Pour la collecte, le technicien de Connexyon se rend dans l’élevage avec son laboratoire ambulant installé dans une camionnette. Il procède à un lavage des cornes utérines de l’animal. Ce lavage est recueilli sur un filtre qui permet de récupérer les embryons. Ces derniers sont triés, lavés et conditionnés en paillette. Deux options s’offrent alors pour les bons embryons, explique Sébastien Reveret. Soit, ils sont congelés pour être stockés, soit ils sont posés directement sur des femelles receveuses de l’élevage. Dans ce cas, ces femelles auront été préalablement synchronisées et échographiées de sorte qu’elles se retrouvent au même stade que les donneuses, c’est-à-dire sept jours après la dernière chaleur, indique le technicien. L’embryon est posé à l’aide d’un pistolet spécifique « le plus près possible de l’ovaire qui a ovulé ». Ces opérations prennent une journée, termine Sébastien Reveret.


Une banque d’embryons


Depuis 2022, le groupe Connexyon (Cecna — Elva Novia) possède sa propre équipe de transplantation embryonnaire. L’an dernier, un catalogue d’embryons a même été édité avec la création d’une banque d’embryons. Une sélection d’animaux est effectuée dans des cheptels intéressants sur le plan génétique et dont les femelles sont génotypées. La coopérative aide financièrement ces éleveurs pour la collecte. Ces derniers restent propriétaires des embryons collectés. Ils peuvent les faire reposer sur des femelles de leur élevage. Ou bien, ils choisissent de les mettre à disposition de la banque d’embryons. Cette dernière les leur achète 250 € l’embryon et elle les revend 137,50 € à des éleveurs receveurs de la zone Connexyon, explique Sébastien Reveret. Ce tarif est très intéressant en comparaison du prix réel d’un embryon sur le marché, fait valoir le technicien. La première saison, 22 collectes ont été réalisées sur 22 femelles pour une récolte de 91 embryons de qualité. Tous ont été reposés, se félicite Sébastien Reveret. Cette campagne, une trentaine de charolaises et une dizaine de femelles d’autres races allaitantes devraient être collectées dans le cadre de ce catalogue d’embryons. L’objectif est de poser 150 embryons et de créer un stock pour commencer la campagne 2025.

 

La station de Jalogny diffuse aussi des embryons

Depuis deux ans, la station de Jalogny propose des embryons lors de sa vente aux enchères de veaux reproducteurs. Avec l’expertise d’Elva Novia, son objectif est de promouvoir la voie femelle en complément de la voie mâle. Mandaté par le GIE Synergie, Sébastien Reveret se charge de recruter en ferme des femelles issues des meilleures lignées et présentant un intérêt génétique. En accord avec l’éleveur, ces femelles sont accouplées avec un taureau spécialement choisi. Les embryons sont prélevés et congelés pour être proposés à la vente aux enchères de la station. L’éleveur conserve les embryons surnuméraires. Le recrutement concerne exclusivement des éleveurs apporteurs à la station de Jalogny.
Pour le GIE Synergie Charolais, le développement de la diffusion d’embryons répond aussi à la problématique de l’export. De fait, la moindre crise sanitaire peut compromettre la vente de veaux reproducteurs à l’étranger. Les embryons permettent de se prémunir contre ce type de scénario, avancent les responsables de la station charolaise.