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La souveraineté alimentaire en débat

Avant les traditionnels discours de clôture, la séance publique qui a rassemblé 600 congressistes, s’est interrogée sur « l’avenir de la planification agricole et de la souveraineté alimentaire ». Un thème qui a renvoyé à l’acception de nos dépendances.

La souveraineté alimentaire en débat

Avant d’entamer le fond du débat, les intervenants se sont prêtés à un jeu de photos. Chacun est venu avec deux photos qui lui semblait emblématique du thème à débattre. La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a repris une carte et un graphique de l’agroclimatologue Serge Zaka pour souligner combien la question de la souveraineté est irrémédiablement liée à celle du réchauffement climatique qui entraîne, notamment pour le blé tendre, des pertes de productivité. Yves Madre, président de Farm Europe, a mis l’accent sur l’élection de Donald Trump qui rebat les cartes géopolitiques et sur la nécessité de créer 25 % de biomasse supplémentaires dans les prochaines années pour augmenter le volume de biocarburants et s’affranchir des énergies fossiles. Le président du conseil départemental du Gers, Philippe Dupouy, s’est focalisé sur l’effort fourni par les collectivités locales pour sauvegarder l’abattoir local, car « c’est le dernier du département » et il fallait éviter aux éleveurs de faire abattre leurs animaux (bovins, ovins, porcins) à plus de 100 km. Les orateurs ont estimé que cette souveraineté nécessite d’être planifiée avec souplesse et surtout adaptation, car les enjeux des territoires sont différents. « Parler de planification au plan européen est difficilement applicable. Il vaut mieux parler d’objectifs à atteindre », a rectifié Yves Madre pour qui «  retrouver le chemin de la productivité est indispensable ».

Vocation exportatrice

Encore faut-il que cette souveraineté s’inscrive dans un modèle économique permettant de répondre aux besoins des consommateurs et d’assurer du revenu aux agriculteurs. Entrent ici en jeu les problématiques des moyens de production, en particulier l’accès à l’eau, aux produits de protection des cultures, mais aussi à la lutte contre la concurrence déloyale. « La souveraineté alimentaire, c’est nourrir notre population et sécuriser l’alimentation d’autres zones du globe. C’est conforter notre vocation exportatrice, car elle constitue un élément de stabilité géopolitique », a insisté Agnès Pannier-Runacher. « C’est un cap à se fixer pour que chacun y trouve son compte », a renchéri Philippe Dupouy, déterminé à « reprendre la main sur les outils de production et relocaliser certaines filières ». Encore faut-il jouer à armes égales au sein même de l’Union européenne ainsi qu’avec nos compétiteurs qui s’engouffrent dans nos failles juridiques pour importer des produits ne répondant pas à nos standards de production. « Plutôt que de parler de clauses miroirs, il faudrait utiliser le terme de réciprocité », a estimé Yves Madre car il lui parait « plus efficace et équilibré ». Le débat s’est naturellement orienté vers les moyens de production et la proposition de loi Duplomb/Menonville visant à lever les contraintes du métier d’agriculteur. « Pensez-vous que les industriels vont investir dans des produits alternatifs à l’acétamipride pour 300 producteurs de noisettes », a lâché la ministre de la Transition écologique qui mise en partie sur les NGT/NBT* pour parvenir à faire appliquer le « pas d’interdiction sans solution »

(*)New Breeding/Genetic Techniques (NBT/NGT) sont des nouvelles techniques de sélection génétique.