Choisir entre produire ou importer, manifestation à Paris le 26 mai, jour de vote
L’heure du choix a sonné. Un an après les manifestations historiques de milliers d’agriculteurs, en France et dans toute l’Europe, le projet de loi visant à lever les contraintes au métier est sur le grill. Le vote final doit avoir lieu le 26 mai. En Saône-et-Loire, la FDSEA et JA sont partis à la rencontre de tous les parlementaires et enverront des représentants manifester à Paris le 26 mai, alors que les travaux de saison battent leur plein.

La FNSEA et Jeunes Agriculteurs étaient très remontés contre les députés membres de la Commission du développement durable. Lors de l’examen de la proposition de loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, portée par les sénateurs Laurent Duplomb (LR, Haute-Loire) et Franck Ménonville (UC, Meuse), ils ont vu tous leurs espoirs douchés et « balayés en quelques heures ». « Pire, cette loi qui devait lever les entraves à l’exercice du métier d’agriculteur, ajoute de la complexité et de nouvelles contraintes ! Les attentes des agriculteurs étaient fortes, leur déception est immense et leur réaction sera à la hauteur de cette trahison », poursuivent les deux syndicats.
Concrètement, les demandes de dérogations pour l’emploi de certains produits de protection des plantes, ainsi que l’assouplissement des règles relatives aux installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), acceptés par les sénateurs, ont été refusés par les députés. La FNSEA et JA ont rappelé leurs engagements « pour faire respecter les engagements […] L’exaspération qui a conduit aux grandes manifestations de l’hiver 2024 reste intact », insistent-ils les deux centrales syndicales.
« Tenez vos engagements »
Un des premiers à avoir réagi est le collectif Sauvons les fruits et légumes de France. « Cette proposition de loi doit permettre de corriger enfin l’une des incohérences les plus criantes de la politique agricole française : l’interdiction franco-française de l’acétamipride, pourtant autorisée partout ailleurs en Europe jusqu’en 2033 », insiste le Collectif. Très remonté contre les députés de la Commission du développement durable qui ont supprimé l’article 2 sur la réintroduction de l’acétamipride, le Collectif s’inquiète des conséquences néfastes sur les cultures : au moins 15 % de pertes pour les producteurs de pommes et -50 % pour les producteurs de noisettes qui n’ont pas pu lutter contre les attaques massives de punaise diabolique et de balanin.
Les exemples peuvent se citer à l'infini dans toutes les filières et à tous les niveaux, aussi bien sur l'exercice du métier que sur les contradictions et contrôles réglementaires.
La FNSEA appelle à manifester le 26 mai
Invité sur RMC le 15 mai, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a appelé ses adhérents et les Jeunes Agriculteurs à manifester le 26 mai. Très remonté contre les atermoiements et l’inaction du gouvernement, il a déploré « un sentiment de trahison ». « Les promesses qu’on nous a faites ne sont pas là et c’est intolérable pour nous », a regretté le président du syndicat majoritaire qui pointe du doigt le Gouvernement, les parlementaires et les pouvoirs publics. Il pointe en particulier après le détricotage par les députés de l’Assemblée Nationale, de la proposition de loi Duplomb-Ménonville. Pour Arnaud Rousseau, « la ligne de fracture [sur la PPL Duplomb] va être simple, entre ceux qui veulent produire en France… contre ceux qui veulent plus d’importations », a-t-il ajouté, confirmant son opposition à toute signature de l’accord de libre-échange entre le Mercosur et l’Union européenne.
FDSEA et JA de Saône-et-Loire ont déjà prévenu : « Nous en appelons donc solennellement et individuellement à chacune et chacun de vous, Député(e) de Saône-et-Loire pour prendre une position personnelle, claire, ferme et « définitive » : soutenir cette proposition de loi dans son esprit et sa globalité ou tourner le dos à l’agriculture, faire le choix de renouer avec les jeux d’appareils, les calculs politiques et autres « combinaziones » que nous voyons se dessiner ». Les deux syndicats vont rencontrer tous les parlementaires avant le vote final.
Simplification Pac : la FNSEA et JA veulent « aller plus loin »
Dans un communiqué commun du 16 mai, la FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA) ont pris acte de la première série de mesures de simplification proposée pat la Commission européenne. Si les deux organisations syndicales se félicitent « du pas supplémentaire franchi (…) qui apporte plus de pragmatisme dans l’application des mesures pour tenir compte de la réalité agronomique des exploitations », elles demandent à préciser certains éléments comme les mesures de gestion des crises et la mise en œuvre d’un contrôle Pac unique. La FNSEA et JA demandent aussi que la Commission fasse de nouvelles propositions en particulier sur l’assouplissement des normes « en particulier les zones humides », la transparence des Gaec ou encore sur les règles d’éligibilité des investissements. Les deux syndicats avertissent déjà l’exécutif bruxellois qui va présenter en juillet ses orientations de la prochaine PAC 2028-2034 : « une PAC plus simple ne signifie pas une Pac au rabais ! ».